40 km de randonnée au parc national Nahuelbuta

parc national nahuelbuta

 

Je garde un excellent souvenir du parc national Nahuelbuta. Les araucarias (ou désespoir du singe en français) sont comptés par milliers, mêlés aux autres arbres natifs de la région tels les coïgues ou lengas.

Le parc offre un panorama dévoilant le Chili sur plusieurs centaines de kilomètres ! Limitrophe des régions Araucanie et Bio bio, maigre est la civilisation humaine, les conifères font la loi.

 

 

Un des plus beaux trésors d’Araucanie

 

Se retouver isolé en pleine nature

 

Je décolle dès l’aube, depuis le lac Lanalhue. La route est dangereuse pour les piétons, je ne souhaite pas m’aventurer de nuit. Pour gagner du temps, je tente le stop devant un arrêt de bus mais sans succès. 45 min plus tard passe le bus, bien je monte sans hésiter. Une fois au terminal de Cañete, changement de bus pour Cayucupil, dernier village avant la jungle d’araucarias. Accéder à l’entrée du parc national Nahuelbuta n’est pas facile si vous n’êtes pas véhiculé. Il n’y a pas de transport pour le parc, j’en ai fait l’expérience. 2 entrées sont possibles, soit vous arrivez par l’ouest depuis Cañete, soit par l’Est depuis Angol.

 

parc Nahuelbuta

Parc National Nahuelbuta : en route vers les majestueux Araucarias

 

A la sortir du bus, je commence le chemin vers le parc à pieds surveillant les véhicules allant dans ma direction. Bien plus tard un pick up s’arrête. 2 hommes à l’intérieur, probablement 2 mapuches qui vivent dans le secteur m’ont conduit pendant une 10aine de minutes. Je continue à pieds, une femme est ses enfants vont aussi au parc ! Quelle chance le stop fonctionne à 100% ici ! J’ai tout de même marché 11km sur les 32 qui séparent le dernier village de Cayucupil et le point d’arrivée : La piedra del aguila.

 

Le parc national Nahuelbuta est déclaré réserve naturelle ou « parque nacional ». Administré par la CONAF, organisme public qui le protège et l’entretien, il est situé dans la 9ème région du Chili, l’Araucania ou Araucanie, marquant la limite avec la région Bio Bio.

 

Observer tout le Chili depuis le parc national Nahuelbuta

 

« La pierre de l’aigle » est un point de vue naturel absolument sensationnel. Je crois que je n’en ai jamais connu permettant de voir aussi loin. D’un côté l’océan pacifique avec l’ile Mocha, d’un autre, la cordillère frontière avec l’Argentine. On aperçoit, par temps dégagé des volcans dont celui de Villarica à presque 300 km ! Bref c’est toute la largeur de Chili qui est perceptible depuis ce mirador.

 

La magie c’est qu’il n’y a personne parce que c’est lundi. Enfin presque je n’ai croisé qu’un couple de jeune chilien au point de vue ! Evitez absolument le dimanche, c’est bondé. Les jours de semaine permettent de trouver le calme, d’écouter les cris des oiseaux émanant de la canopée. Dans le secteur et le long du sentier rouge vivent de nombreux carpinteros negros, des oiseaux noirs à tête rouge. Impossible de les rater, ils cherchent sans cesse des larves avec leur bec dans l’écorce des arbres. Victime de la déforestation, le Carpintero est en voie d’extinction. C’est une espèce à protéger d’autant plus qu’il joue un rôle important dans l’écosystème du parc.

 

carpintero negro

Photo prise avec les moyens du bord, smartphone dans la jumelle…

 

D’autres animaux vivent dans le parc tels que pudu ou renard de Chiloe mais à la place je n’ai croisé que des vaches. Elles sont si peureuses qu’elles pourraient succomber d’une attaque cardiaque (suite à un triple salto) si elles ne vous entendent pas arriver ! Quant au renard de Chiloe, il porte son nom car on pensait au début qu’il ne vivait sur l’île en question. C’est bien plus tard, qu’il a été découvert ailleurs un peu plus au nord, dans les régions de Bio-bio et d’Araucanie. Ouvrez les yeux, vivent ici pumas et le rapace aguilucho.

 

Les sentiers sont relativement faciles et agréables à emprunter. La plupart peuvent même être pratiqués en VTT si vous en êtes adeptes. Je préfère autant marcher le nez en l’air, observant la faune et les sompteux parapluies des araucarias. En mapudungun, la langue des mapuches, les araucarias sont appelés pehuen. Leurs fruits portant le même nom servaient de base alimentaire à la communautés des pehuenches. Ses arbres sont donc sacrés et indispensables à la tribu.

 

La création du parc Nahuelbuta (en 1939) avait pour mission principale la protection des araucarias. Toujours en langue Mapudungun, Nahuelbuta signifie « Grand Tigre ».

 

araucaria

Le nez en l’air : « Désespoir du singe » depuis le sol

 

Dans la même journée je me suis rendu à l’autre mirador (Cerro Anay) plus au nord. Le panorama est unique, des araucarias à 360 degrés ! La cime de la colline en face est recouverte de parasols naturels. Le must, c’est que je suis tout seul, depuis le couple de jeune randonneurs croisés à la pierre de l’aigle vers l’entrée du parc, je n’ai vu personne, je suis juste seul dans une nature protégée en pleine jungle d’Araucanie !

 

 

Quand faire du stop comporte des risques

 

Il est 16h, soit 4 heures avant la nuit. C’est le temps que je me suis laissé pour rentrer au bercail. Je ne suis pas véhiculé et je suis à … 32km du dernier village. Je croise les doigts pour retrouver quelques bonnes âmes, comme à l’aller, pour retrouver un chauffeur. Seulement voilà, la chance fut un peu moins bonne, à 19h je marchais toujours, je n’avais pas de réseau GSM pour appeler un ami et aucune des 4 voitures redescendant au village ne m’ont pris. Je râlais un peu, comment peut-on laisser quelqu’un sur le bord du chemin juste à la tombée de la nuit ? Eux-même devaient penser, comment peut-il marcher tout seul sur un chemin interminable ?

Alors suis-je trop naïf pour penser que quelqu’un va forcément me prendre ?

 

cañete

Tomber sur ce panneau après avoir avalé 34 km à pieds, t’es ravi !

 

J’ai mal aux pieds, je continue encocre, il reste 20 km et la nuit ne saurait tarder. Une voiture ! Je montre le pouce, et elle s’arrête, c’était le couple avec qui j’avais vite fait échangé le matin même à la pierre de l’aigle ! Quelle veine ! Ils m’emmènent rejoindre la civilisation, je retrouve mon téléphone, on vient me chercher ayant laissé quelques inquiétudes à la maison. La prochaine fois, on m’a conseillé le téléphone satellitaire, ça pourrait me tirer d’affaires en cas de pépin.

 

Je suis rincé mais heureux. Peu importe comment s’est passé mon transport, j’ai passé une journée en pleine nature dans un parc magnifique. Heureusement que je n’avais que le petit sac à dos avec des vivres, je n’aurais pas pu marcher durant 40 km avec le chargement du Torres del Paine, quasi un marathon !

 

désespoir du singe

Duvet de feuilles piquantes sur les branches de l’araucaria

 

 

Quelques infos pour se rendre au parc national Nahuelbuta

 

L’entrée du parc est payante, $2.500 pour les chiliens, $4.000 pour les étrangers, avec des réductions pour les seniors et les enfants, mais avec un peu de chance, comme nous si le garde est parti, vous pourrez passer dans payer.

Ne ratez pas l’araucaria de 2000 ans, le tronc est si grand qu’il faut être plusieurs pour faire le tour et l’on peut s’y cacher à l’intérieur.

N’oubliez pas votre bouteille d’eau, voire deux, pour la journée ! Même si un petit ruisseau coule dans la vallée, le parc reste dans l’ensemble assez sec en été. Il est possible de venir pour plusieurs jours et de camper dans des lieux prévus à cet effet (feux interdits mais réchauds à gaz autorisés).

En hiver, prenez de quoi avoir chaud, il gèle la nuit, le parc national Nahuelbuta a déjà connu a neige.

Le parc est ouvert tous les jours de 8h30 à 18h et spécialement jusqu’à 20h en janvier et février.

 

Aimez-vous les parcs nationaux du Chili ?