En Araucanie, le désespoir du singe fait la loi

 

Etant proche du parc national Nahuelbuta, je sentais comme cette forte envie d’y retourner, admirer les vastes étendues d’araucarias, ou désespoir du singe, trouver des animaux insolites, et observer à nouveau la cordillère enneigée du côté est, frontière avec l’Argentine.

La palpitante expédition a été plus que généreuse, pour la 2ème fois ici, on a failli ne pas pouvoir rentrer à la maison ! Mais que se passe-t-il avec ce parc ?

 

-> Comment j’ai payé le tarif chilien à l’entrée du parc ?

-> Ce qu’il faut ne pas rater dans le parc national

-> Comment ne pas se retrouver coincé, isolé du monde ?

 

feuille desespoir du singe

Feuilles rigides et piquantes du désespoir du singe

 

 

Circuit de Santiago à Pucón :

Le spot pour voir tout le Chili d’est en ouest

 

 

Partir bien préparé au parc national Nahuelbuta

 

Ce parc national est isolé de la civilisation, ce qui veut dire que le moindre contre-temps peut vite se transformer en problématique de taille. J’ai retenu la leçon de ma précédente venue au parc, je ne souhaitais pas à nouveau marcher 40km pour accéder à l’entrée, en voulant faire du stop alors qu’il ne circule qu’une voiture par heure ! Nous avons un véhicule cette fois, sur-haussé et 4×4 qui plus est, nous voilà partis avec une bonne base !

Arrivés à l’entrée du parc, je sors payer le droit d’accès au garde-parc. Comme à l’accoutumée, le garde nous demande d’où nous sommes ? Le tarif est 2.000 pesos plus cher pour les étrangers, alors je réponds à la question du garde: « Nous sommes de Santiago et de France », ce qui était vrai, en insistant surtout sur le Santiago. Bien entendu j’accentuais les intonations chiliennes dans mes phrases afin de minimiser ma langue maternelle française. Et c’est passé, nous voilà tous les 6 entrés avec le tarif chilien, soit 3.000 pesos/personne plus une carte du parc pour se repérer !

 

araucanie

Vue sur le Chili

 

Nous sommes le 1er janvier, donc autant vous dire que nous ne sommes pas partis très tôt, fin de matinée. Vue l’état avancé de la journée, nous irons d’abord à la pierre de l’aigle puis ferons un petit sentier de 5 km. Le terrain est assez facile. La Pierre de l’aigle ou Piedra del Aguila est le spot du parc offrant un panorama sur tout le Chili. Et c’est splendide ! Avec la météo en notre faveur, on voit la mer à l’ouest avec l’île Mocha et les volcans enneigés de la cordillière à l’est. Tout à gauche, le volcan Antuco, où nous étions il y a quelques jours et à droite le volcan Villarica où nous serons prochainement ! Toute la largeur du Chili est sous vos yeux. N’oubliez pas les jumelles. La pierre de l’aigle c’est aussi un bel endroit où on surplombe les araucarias (désespoir du singe), pour notre plus grand plaisir.

 

parc national Nahuelbuta

Le spot de la pierre de l’aigle

 

 

Le désespoir du singe et l’arbre millénaire !

 

Nous prenons donc le sentier nous menant à Pehuenco, par le côté nord. A peine partis que je surprends une mygale traverser le chemin et sans regarder. Elle s’appelle ici Pollito araña (l’araignée petit poulet). Elle est du tempérament peureuse et inoffensive. Pas question non plus de l’écraser ou risquer la morsure. Alors nous l’admirons tous, remarquons sa belle couleur orangée entremêlé de noir. Le déplacement est gracieux, élégant, elle me rappelle celles que j’avais à la maison dans un terrarium il y a quelques années !

Une fois la séance photos effectuée avec la belle poilue, nous poursuivons quelques centaines de mètres plus loin pour nous poser déjeuner sur un immense bloc de roches. Cela nous donne le temps d’admirer un désespoir du singe par ci et un autre par là, ils sont plutôt originaux avec leur forme de parasol ! Soudain 2 rapaces, se pose dans l’arbre en face, condor ou pas condor ? C’est que nous commençons à avoir de l’expérience après ce couple de condors observés au parc national Laguna del Laja ! Ils sont un peu durs voir à cause de la distance mais non, ce sont 2 « jotes », eux aussi charrognards comme leurs cousins condors. Nous voilà servis par les animaux aujourd’hui !

 

desespoir du singe

Deux « jotes » posés sur une branche de désespoir du singe

 

araignée du chili

Une « pollito araña » a croisé notre chemin

 

Ce chemin est aussi intéressant pour connaitre l’arbre bi-millénaire ! En poursuivant le chemin, impossible de la rater ! Le plus surprenant, c’est que son intérieur est complètement vide, on peut s’y loger sans problème à l’intérieur. Je reste frappé par l’épaisseur de l’écorce des vieux-arbres, je ne sais combien de phalanges on pourrait glisser. Passé Pehuenco nous continuons la boucle, c’est tout plat jusqu’à une bonne montée sur la fin. Il y toujours une raison de faire des pauses, une autre araignée par ci, des lézards par là. Tout est propice au dépaysement dans ce parc.

 

ecorce desespoir du singe

Epaisse écorce d’araucaria

 

 

On a (encore) failli ne pas rentrer aujourd’hui !

 

L’heure du retour a sonné. Nous constatons que la jauge d’essence diminue fortement. C’est étrange car on avait soit-disant une sacré autonomie au départ (dans les 200km). Sur le trajet retour vers Cañete, un croisement nous donne la possibilité de tourner à gauche pour rejoindre Contulmo. C’est plus court en distance mais je ne connais pas le terrain ; ou bien on continue par le chemin plus long, ou bien on risque de faire les montagnes russes avec l’auto.

On réfléchit… allez on tente à gauche, ce sera peut-être plus sûr pour éviter la panne.

 

Au bout d’un kilomètre le chemin devient terreux, avec des trous énormes, on serait crus sur la route du Dakar ! Le 4×4 passe lentement mais bien. Oui, mais qu’est-ce que ça consomme comme carburant. Après 1 km effectué, le tableau de bord m’indique que j’en ai perdu 10 d’autonomie ! Nous nous arrêtons, c’est trop risqué, à ce rythme nous allons droit vers la panne d’essence en plein terrain accidenté et aucun téléphone n’a de réseau ici !

 

Demi-tour donc pour empreinter le même chemin qu’aller. Nous sommes à 40 km de Cañete, avec station service au bout, et l’auto annonce 45km d’autonomie ! De plus ma soeur qui était assise tout à l’arrière à l’aller avait des nausées avec tous ces virages. Pourvu que arrivions au bout, l’autonomie affichée n’est pas très fiable visiblement, je vais conduire mollo. L’heure se faisait tardive et nous n’étions même plus sûr de pouvoir être servis à la station service. Les pompistes ne travaillent pas la nuit et je ne sais pas si on peut se servir tout seul par carte bancaire. L’imagination se laissait déjà aller dans la voiture, coincés à 6 dans la forêt, sans réseau GSM et sans eau…

Une heure plus tard, nous voilà sortis de là, et avons réussi à faire le plein ! C’est seulement le lendemain matin en lavant la voiture que je constate un pneu crevé, nous avons écopé de deux vis dans une roue, le pneu ne s’est heureusement dégonflé que pendant la nuit et pas dans le parc la veille ! Comme si cela ne suffisait pas, nous avons aussi perdu le cache d’un rétroviseur et marqué la peinture de la voiture avec des branchages. C’est beau-papa qui va être content…

 

Décidément aller au parc Nahuelbuta relève de l’expédition, pour la seconde fois j’aurais pu y rester la nuit malgré moi. Si vous décidez d’aller dans ce parc, sachez que vous vous engagez sur une piste sans goudron, longue de 32km, où les virages sont incessants et selon le chemin emprunté avec des trous de terre, voire de boue (à éviter par là). Pour couronner le tout, il n’y a pas de couverture téléphone, et peu de véhicule passent donc n’espérez pas obtenir de l’aide en cas de besoin. Il faudrait presque y prévoir des vivres, on sait jamais en cas de pépin…

 

Sinon allez-y, c’est beau !

 

fleur chili

 

Nahuelbuta

 

branche desespoir du singe

Des branches de désespoir du singe

 

araucaria