Séisme et tsunami au Chili : quels risques ?

 

Aujourd’hui je suis ravi d’inviter Anne co-auteure du blog bilingue CaminoNomada.com. Comme moi, Anne est une mordue de voyage, et elle entretien surtout une étroite relation avec le Chili : sa belle-famille vit à Santiago du Chili.

 

Suite au tremblement de terre du 16 septembre 2015, Anne a souhaité réagir nous apportant des précisions sur la vie au Chili « post terremoto ». Vous saurez notamment :

Comment les chiliens vivent avec le risque permament de séisme ?

Quel est le réel danger d’un violent séisme au Chili ?

Quelle attitude adopter en cas de tremblement de terre et tsunami au Chili ?

 

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Photo : CaminoNomada.com

J’étais à Santiago pendant le tremblement de terre du 16 septembre 2015, qui a fait parler du Chili dans le monde entier.

D’une magnitude de 8,4 à l’épicentre, il a été suivi d’un tsunami : on dirait le scénario d’un film catastrophe.

Si vous pensez voyager au Chili, ça fait peur et c’est normal. Mon but, c’est de vous expliquer quels sont les dangers d’un séisme au Chili, comment les minimiser et si possible, de vous rassurer.

 

 

 

Le pays le plus sismique de la planète

 

Le Chili est un grand habitué des secousses sismiques, c’est le pays où elles sont les plus fréquentes et parmi les plus violentes. D’ailleurs il y a deux mots pour parler des tremblements de terre, selon le ressenti et les conséquences :

  • Temblor : un séisme d’intensité faible ou modérée, qui ne fait pas de victimes ni de dégâts, ou des dégâts légers. J’ai vécu plusieurs temblores en voyage au Chili, ils sont courants.
  • Terremoto : un séisme de grande intensité, qui fait des dégâts notables et des victimes ou qui provoque un tsunami. Au Chili il y a en moyenne deux terremotos d’une magnitude supérieure à 8 par décennie, et deux mégaséismes (magnitude supérieure à 8,5) par siècle.

 

Tremblement de terre Valdivia Chili 1960

Le plus puissant terremoto jamais enregistré au monde, c’était en 1960 à Valdivia : à 9,5 de magnitude, il a provoqué un tsunami ravageur. Photo : Pierre St. Amand (NGDC Natural Hazards Slides with Captions Header)

 

Cela signifie que les Chiliens sont habitués aux séismes ; je suis impressionnée par leur calme. Il y a toujours des gens qui paniquent et des bousculades désordonnées mais elles restent rares vu la violence des secousses.

La préparation des chiliens est une grande force : depuis quelques années il y a de nombreuses simulations, des systèmes de surveillance et centres d’urgence toujours plus solides et parés à toutes les éventualités, l’évacuation, l’arrivée et l’organisation des secours, le contrôle des incendies et autres dangers liés à un séisme sont prévus, expliqués, exécutés efficacement.

 

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Jours sans catastrophes : 000 Bienvenue à la république du Chili

 

Les Chiliens font beaucoup d’humour à peine la catastrophe survenue : une façon de dompter la peur peut-être, qui illustre leur relation singulière avec les tremblements de terre…

 

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Le monde après un super tremblement de terre

seisme au chili

8 tremblements sur 10 préfèrent le Chili

 

Quels sont les dangers liés à un violent séisme au Chili ?

 

En soi le tremblement de terre ne tue pas, ce sont ses effets sur ce qui nous entoure ou sur notre comportement (les foules en panique font souvent des blessés) qui sont dangereux.

C’est pour ça que les pays du monde sont inégaux face aux séismes : certains sont nettement mieux préparés que d’autres. Voyons comment ça se passe au Chili et comment se protéger.

 

L’effondrement de bâtiments anciens, en adobe ou auto-construits

Au Chili, ça fait trente ans que l’on bâtit systématiquement avec une exigence antisismique élevée. Les constructions d’après 1985 doivent supporter sans dommages structuraux un temblor, tandis qu’en cas de terremoto, elles ne doivent pas s’effondrer (l’idée étant d’évacuer en toute sécurité).

C’est très important : il y a très peu voire pas d’effondrements lors des puissants séismes au Chili, ça sauve des milliers de vie.

 

En particulier dans les villes, les constructions fragiles sont rares. Il s’agit d’autoconstruction et de constructions anciennes en adobe, qui résistent très mal.

 

Si vous êtes à l’intérieur d’un bâtiment pendant un séisme au Chili, deux cas de figure :

1. S’il est en autoconstruction ou en adobe, sortez immédiatement en vous protégeant la tête, et trouvez un lieu éloigné des bâtiments, câbles et autres éléments susceptibles de vous tomber dessus. Ne retournez sous aucun prétexte dans le bâtiment, qui peut s’effondrer après la fin du séisme ou lors d’une réplique.

2. Si c’est une construction moderne, trouvez un endroit éloigné des fenêtres et de tout objet ou meuble susceptible de vous tomber dessus, idéalement en dessous ou à côté d’un élément solide comme une table ou un lit. Attendez la fin du tremblement de terre pour sortir, il arrive que des personnes soient blessées parce qu’elles sortent avant.

 

Si vous êtes dans un lieu public (magasin, cinéma) :

Restez assis à votre place ou éloignez-vous des rayonnages qui pourraient tomber et des fenêtres. Le séisme fini, marchez calmement vers la sortie. Un mouvement de foule en panique peut être meurtrier, ne vous précipitez jamais vers les sorties. Ne prenez jamais l’ascenseur pour évacuer.

 

Le maremoto (tsunami) et la seiche

Grâce aux normes de construction antisismiques les terremotos les plus récents ont causé relativement peu de dégâts. La dévastation vient des dangereux raz-de-marée qu’ils provoquent parfois, comme le séisme du 16 septembre 2015 ou celui du 27 février 2010.

 

Tsunami chili

Le tsunami du 27 février 2010 emporté de nombreux bateaux à l’intérieur des terres, ici au port de Talcahuano. Photo : U.S. Geological Survey (Tsunami Carried Boat)

 

Un tsunami n’arrive pas instantanément, on a au moins plusieurs minutes pour se mettre en sécurité. Après la catastrophe de 2010 le pays prend très sérieusement le risque de tsunami et a nettement amélioré sa réaction (voir Séisme : le Chili a retenu la leçon de 2010 et limite les dégâts). Il y a un système d’alerte (par SMS et des sirènes), l’évacuation est coordonnée par les pompiers et la police, une signalétique claire en bord de mer indique les zones de danger, les routes d’évacuation et les zones de sécurité.

 

Moins courante, la seiche ressemble à un tsunami qui survient dans des étendues d’eau fermées comme un lac. Elle est moins puissante mais dangereuse.

Si vous êtes à proximité de la côte, d’une rivière ou d’une étendue d’eau lors d’un séisme assez violent pour que rester debout soit difficile, dès la fin de la secousse éloignez-vous du bord de l’eau, de préférence à pied, et restez à distance jusqu’à nouvel ordre.

Cherchez un lieu en hauteur, idéalement dans les zones sûres signalées. Sinon montez par les escaliers aux étages supérieurs d’un immeuble ou sur le toit d’une maison.

 

 

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Les panneaux d’évacuation indiquent la zone sûre (en hauteur) la plus proche. Photo : CaminoNomada.com

 

 

Les glissements de terrain et les éboulements

Les séismes peuvent fragiliser des zones déjà instables comme des pentes rocheuses ou des falaises, surtout en montagne. Au Chili, les éboulements ou glissements de terrain se produisent notamment sur des routes.

 

Si vous êtes en voiture rangez-vous à un endroit éloigné de ces zones instables et d’éléments risquant de tomber. Restez à l’intérieur du véhicule jusqu’à la fin de la secousse : l’habitacle vous protège.

 

 

Un risque connu et géré

L’activité sismique au Chili peut faire très peur, en particulier à quelqu’un qui n’a jamais vécu de tremblement de terre. C’était mon cas, j’avais en tête des images de ravages terribles. Mais j’y ai vécu 16 mois cumulés et j’ai constaté que ce pays est préparé, il apprend constamment de son expérience avec les séismes et les tsunamis : après chaque terremoto il devient encore plus sûr.

Alors tout voyage comporte des risques, mais la probabilité d’être au Chili lors d’un terremoto et d’y être gravement blessé est faible car vous ne serez pas dans un pays pris au dépourvu ni mal préparé.

 

Un grand merci à Anne d’avoir témoigné son expérience et partagé ses conseils. Envie d’en savoir plus ? Rendez-vous ici sur son blog !

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