Le Pisco : une Religion à l’Eau-de-Vie !

 

Le pisco est une eau-de-vie qui expose un patrimoine culturel, une fierté et une économie. Venant des espagnols à l’époque de l’empire colonial, il n’a cessé de faire jaser. Les pays producteurs de pisco ne comptent pas en démordrent pour devenir la référence.

Mais le pisco, en quoi ça consiste ?

 

Bouteille pisco

Le pisco ne serait rien sans son raisin. Servant au début à la production de vin, l’eau-de-vie est née bien plus tard qui donna ensuite naissance au célèbre cocktail : le Pisco Sour.

Elle aurait été produite pour la première fois à Pisco, une ville au sud de Lima, Pérou. Je dis bien « elle aurait » au conditionel car il existe différentes hypothèses sur l’origine du pisco et de son nom. Tout dépend en réalité quel pays s’exprime à ce sujet.

 

Qu’est ce que le Pisco ?

Pourquoi le Chili et le Pérou sont-ils en perpétuel désaccord ?

Pour qui on vote ?

 

 

 

Le Pisco, c’est quoi ?

carte chili nord

 

Le pisco est une eau-de-vie de raisin obtenu par distillation de vin. La vigne destinée à la production est cultivée dans des zones nommées zones “pisqueras” ou zones à pisco, des régions situées dans le nord du pays, Norte Chico, “Atacama » et « Coquimbo », englobant la Vallée de l’Elqui.

 

Les vignes ne provenant pas de ces zones classées ne pourront donner une eau-de-vie sous le nom de pisco. Le climat y est favorable, chaud et sec, des conditions idéales pour la culture.

 

La principale vigne utilisée est la moscatel. L’alcool de vin pour obtention du pisco ne peut venir que des variétés de vigne appartenant à l’espèce Vitis vinifera et planté dans la zone à pisco.

 

 

Comment on fait ?

La distillation se réalise par alambique et nécessite par la suite un repos de 60 jours minimum. Le résultat obtenu est un distillat contenant entre 60 et 73 degrés alcool. Ce niveau est ajusté d’une trentaire degré en dessus, en ajoutant de l’eau déminéralisée pour le ramener à un taux moindre.

 

Il existe bien entendu plusieurs qualités de pisco. Le moins fort et le moins onéreux a permis sa rapide popularisation,  c’est le pisco traditionel à 30°, comme par exemple le « pisco Capel ». Couramment se rencontre la gamme au dessus, le pisco  « especial » de 35°.

 

Les meilleurs pisco chiliens sont des catégories « réserve », à 40° et le “gran pisco” avec 43°.

 

Dans la famille bonne qualité, d’autres pisco sont conservés en fût, et vieillit bien plus longtemps où il peuvent rester dans des barriques de bois plus d’un an. Ainsi s’obtiennent des pisco dotés d’un parfum les rendant uniques, ne demandant qu’à être savourés.

carte vallée de l'elqui

Village de « Pisco Elqui », en plein coeur de la région de la « vallée de l’Elqui »

 

Ce distillé porte l’appellation d’origine du Chili. Sa forte production permet l’exportation vers les Etats-unis, le Japon et quelques pays européen dont la France. Les quantités parties à l’étranger ont surpassé celles de son voisin, le Pérou, un concurrent tout aussi inicié en matière pisco avec qui la bataille piscolite perdure toujours…

 

1 Origine, 2 Histoires : La double vie du pisco !

 

Il existe un différent sur le terme « pisco » entre le Chili et le Pérou. Les deux pays défendent leur position et ont chacun une définition différentes du pisco. Ecoutons-les parler :

 

PEROU

Le Pérou défend que le Pisco est une boisson spitiruelle et qui est lié à l’endroit où il a été produit pour la première fois, à Pisco et sa région. Ainsi l’eau-de-vie exclusivement produite ici peut porter le nom de Pisco.

 

CHILI

Le Chili affirme de son côté que l’appellation pisco est un type d’eau-de-vie de vigne, caractérisée par des cépages particuliers avec une technique de production et un degré d’alcool qui lui est propre. Son nom sert à le différencier d’une autre eau-de-vie produite dans le sud du pays. C’est donc un terme générique et s’écrit avec un « p » minuscule et peut être produit par les deux pays.

 

Cependant, seules quelques régions bien définies ont le droit de cultiver la vigne destinée à la fabrication du pisco. Cela permet d’obtenir l’appellation d’origine, ce que le Pérou n’avait pas encore à la création du label.

 

Mais alors, le pisco est-il vraiment le fruit d’une élaboration générique ou l’appartenance à une terre est primordiale ?

 

pisco chili

 

PEROU

Le Pérou répond, en maintenant sa position, que l’origine du terme Pisco provient de ses terres et se réfère à de nombreuses origines tels que sa ville, son port ou sa rivière. En effet, l’appellation Pisco viendrait du nom du port par lequel il était exporté. Des écrivains et auteurs, aussi bien péruviens que chiliens l’affirment. Le Chili reconnaît que le produit aurait pu être fabriqué pour la première fois sur les terres péruviennes. C’était également le nom des petites poteries appelées « piskos » dans lesquelles le pisco était stocké au Pérou. Ainsi Pisco porte une majuscule.

 

Le Pérou voit par le pisco des racines, bien plus qu’une variété d’eau-de–vie. Mais ces racines, comme celles de son voisin, ne viennent-elles pas du même empire colonial espagnol ?

 

CHILI

La production de pisco a commencé avant l’indépendance du Chili de 1818. Par ce fait, il peut continuer son élaboration à l’intérieur de ses frontières actuelles, même si les autorités coloniales n’existent plus. Avant sa dénomination pisco, la boisson s’appelait autrefois « eau-de-vie de pisco ».  Les 2 pays ont donc le droit d’utiliser « pisco » pour cette élaboration d’eau-de-vie.

 

pisco double2 bouteilles exportées par mes soins pour 2 fois plus de plaisir !

 

On tranche pour qui ?

 

Il ne s’agit pas de prendre parti, les deux points de vue sont défendables et les deux pays sont surement raison tous les deux. Entrent probablement en jeu une question d’identité, de fierté, et interviennent des raisons économiques car le marché du pisco est mondial.

 

Par la suite au siècle dernier, les lois se sont renforcées concernant le territoire où devait absolument cultiver les vignes. La dénomination Pisco ne se donnait pas à la légère. Une coopérative commercialisa la première marque de pisco sous le nom de Pisco Control, répondant bien sur, aux normes de production.

 

Courant 20ème siècle, un village au cœur de la région des vignes du Chili s’est vu renommé. Il porte désormais le nom de « Pisco Elqui », Elqui étant un secteur où coule un rivière du même nom, au nord de Santiago.

 

Actuellement, les 2 zones majeures de production de vigne servant à la fabrication du pisco sont la vallée de l’Elqui au Chili et Ica au Pérou.

 

Le Pérou cherche la reconaissance du Pisco par les autres états du monde. C’est en envoyant des requêtes à la pluplart des pays qu’il désire obtenir le monopole, évinçant le Chili de tout commerce sous le nom de Pisco. Quand certains acceptent, d’autres pays notament européens, dont la France, ont refusé parce que cela nuirait aux commerces des produits originaires du Chili et serait contraire au traité de libres échanges convenu avec la république du Chili.