août 5 2019
L’incroyable déjeuner avec les Mapuches du Chili
Cela fait des années que j’ai envie d’en appendre davantage sur les Mapuches du Chili (Mapu = la terre, Che = les gens). Selon les voix officielles des médias, c’est continuellement les mêmes propos : cette communauté pose problème.
Comme dans toute querelle incessante, il me semble limité de ne se contenter qu’à un seul point de vue. Afin de mieux les connaitre, nous sommes donc partis déjeuner avec les Mapuches du Chili !
-> Coutumes de vie, musique, croyances, découvrez les traditions de ce peuple amérindien.
Une incessante discorde
On pourrait même l’appeler conflit, entre gouvernement et la communauté autochtone et il remonte à bien des décennies en arrière. Déjà avant l’indépendance du Chili de 1818 vis à vis des espagnols, les Mapuches luttaient pour la préservation de leurs territoires. Les colons espagnols, n’arrivant pas à les chasser de leur terres natales, ont construit des forts afin de conserver une présence en ce territoire occupé. En vain, les Mapuches du Chili n’ont jamais cédé face à la pression de l’envahisseur si bien qu’un accord fut signé afin que les conquistadors respectent le territoire Mapuche.
Fin du 19 ème siècle, le gouvernement chilien relance une offensive envers ce peuple. Les Mapuches défendent alors à nouveau leur territoire, ne souhaitant pas voir leurs terres partir entre les mains des chiliens issus de la colonisation. Ces terres leur permettent de vivre, de faire grandir le bétail en liberté et les dédier aux cultures. Aujourd’hui le combat continue encore, mais le territoire s’amoindrit avec les années. Il est de plus en plus détenu aux grandes entreprises nationales et internationales qui l’exploitent dans un but de rentabilité économique sans ce soucier de l’impact de vie que cela cause à ce peuple originel et sur l’environnement.
Aujourd’hui encore, le sujet divise les chiliens et anime les échanges, comme si vous parliez de politique !
Elicura, un berceau Mapuche dans le Biobío
Récemment nous avons fait connaissance d’Alejandra, créatrice de produits artisanaux, à la féria artisanale de Santiago. Cela tombe à pic car Alejandra vit dans la région de BíoBío, à Elicura plus exactement, entre le village de Contulmo et le lac Lanalhue. Justement nous avions prévu de nous rendre la semaine qui suivait. Elicura est un hameau qui rassemble quelques 5 communautés où vivent 800 Mapuches. Alejandra et sa famille accueillent pour déjeuner, des chiliens, des étrangers, des curieux, tous ceux qui souhaitent partager avec la communauté. Me voilà ravi, c’est le début de l’immersion dans le monde Mapuche !
La Ruka, maison originelle des Mapuches
Arrivés à Elicura, nous cherchons la Ruka d’Alejandra. Une « Ruka » c’est une construction ovale dans laquelle les Mapuches (de jadis surtout) cuisinent, dorment, mangent, vivent. Edifiée à partir de terre, de paille, et de bois, il est typique d’y entretenir un feu en son centre. Malgré l’ouverture dans le toit, la fumée y est très présente. La Ruka est toujours construite de forme ovale, pour une meilleure circulation des énergies, les angles étant des obstacles à ces dernières.
Aussitôt arrivé, je me rends compte que je ne connais pas grand chose en Mapudungun, la langue des Mapuches. Je cherche urgemment quelques mots de base sur la route mais je vous assure, ce n’est pas facile à retenir. Je ne mémorise que finalement « Chaltumai » qui signifie merci beaucoup, prononcez [tchal-tou-maille]. Placé au bon moment, cela n’a qu’agréablement surpris notre hôte !!
Un déjeuner copieux et 100% nature
Nous arrivons donc pour déjeuner. Le repas est servi à l’intérieur de la Ruka. Nous nous sommes régalés. Des jus de maqui, de framboises, et un mélange d’herbes. Pour le plat un morceaux de boeuf et des pommes de terre, accompagnés de sopaipilla, de crudités telles des fèves, de petits pois, de salade et de la fameuse épice : le merkén. Et comme dessert, une salade de fruit frais ou de conserve « fait maison », ou « fait Ruka » en l’occurence ! Puis enfin le maté.
Alejandra et sa famille nous expliquent que tout est élaboré de manière la plus naturelle possible. La vache ne mange pas de grain mais broute en plein air. Les légumes viennent de leur potager et les jus sont réalisés sur place.
« Nous consommons de la viande pour avoir des forces, mais la majorité des plats sont basés sur des végétaux car c’est plus sain », nous disent-ils.
Pour soigner, la « Machi », femme chamane de la communauté tenant le pouvoir curatif et gérant les plantes médicinales. Il existe aussi un homme chef, appelé « Lonko », ayant d’autres fonctions.
C’est sûr qu’avec ce mode de vie, ils ne participent ni fonctionnement des supermarchés, ni des docteurs (sécurité sociale privée au Chili) et ni des pharmacies, ce qui déplaît tant au gouvernement en quête de développement économique.
Spiritualité et forces supérieures des Mapuches du Chili
Les Mapuches ont une spiritualité très développée, l’esprit est plus important que le corps. Ils croient au cosmos et basent leur vie sur les éléments de la terre. Le 24 juin a lieu la cérémonie annuelle, où la communauté se rassemble, chacun apporte ses vivres à partager ensemble. Alors ils appellent à la bonne santé, aux récoltes opulentes, etc…
A cette occasion sont joués les instruments de musique, la trutruka, une corne montée sur un long tube enroulé sur lui-même et le kultrun, un tambour de forme conique représentant le monde spirituel Mapuche. Ils croient en dieu mais pas uniquement. Les Mapuches considèrent également les forces de la terre supérieures au reste, tels le tonnerre, les éclairs, les volcans. La kazkawilla, instrument à clochettes, s’emploie aussi par la Machi lors des cérémonies.
Je retiens de ces quelques heures passées dans la ruka, un peuple ayant les pieds sur terre et connecté au ciel. Il est évidement que le respect de la nature leur est primordial. Ces fugaces échanges furent humainement intenses et pleins d’émotions. Il y a matière à se poser des questions quant à notre existence et au respect du vivant.
Si la culture des « gens de la terre » (Mapuches) vous intéresse, allez déjeuner et échanger avec eux. vous en apprendrez sûrement énormément. Ecrivez-moi pour prendre contact avec les Mapuches et réserver votre déjeuner. Un peu d’espagnol sera indispensable pour cette rencontre. Ce sera certainement une véritable immersion dans un Chili authentique comme il était principalement vécu il y a plusieurs siècles.
-> Pour en savoir plus sur le Merkén, cliquez ici
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CALFICURA
nov 12, 2019 @ 13:00:32
Il ne s’agit pas « d’une querelle » incessante ! Il s’agit d’un GÉNOCIDE !
Si vous écrivez un papier, employez les termes qui reflètent ce que vit mon peuple à sa juste mesure de la réalité et renseignez-vous en laissant tomber vos projections occidentalisées !
Nous recouvrions tout le Chili actuel. Dire le nombre ! Nous ne sommes plus qu’à 10000. On est loin d’une simple « querelle ». En parlant ainsi, vous marchez sur le cadavre de nos morts !
Nous vivons l’oppression, des discriminations (racisme), lois totalement caduques (qui datent de la dictature Pinochet). Ce pourquoi, il est important de se battre pour une nouvelle constitution et le départ définitif de Piñera (dont son frère faisait partie du gvt Pinochet, Camila Flores, une négationniste de la dictature Pinochet). Donc si vous vous parlez de notre peuple, ne racontez pas n’importe quoi !
Mathieu Guillouzo
nov 22, 2019 @ 17:27:18
Bonjour,
Je n’ai pas vocation à lancer un débat politique, mais à exposer le peuple Mapuche sous un angle positif, différent des médias main stream. Il s’agit ici d’inciter les touristes étrangers qui viennent au Chili à aller le connaitre et discuter avec, car les valeurs partagées sont à mon avis essentielles, humanistes et respectueuses de la vie. Je pense qu’en me lisant, vous avez pu deviner de quel côté je me positionne.
J’aime les commentaires constructifs qui permettent à tous d’avancer, c’est l’esprit de ce blog.
Au plaisir de vous lire
CALFICURA
nov 25, 2019 @ 19:49:47
Justement, nous n’avons pas besoin « d’alliés » qui n’en sont pas.
Qui vont passés peut-être un mois, qq mois au plus, et revenir se pensant des experts en rapport d’ailleurs d’énormes exactitudes.
Acceptez donc d’être repris plutôt que camper sur une position d’arrogance !
L’esprit colon qui continue de s’accaparer et à invisibiliser les concernés (nous, qui les vivons) par leur papiers, leurs références.
Nous ne sommes pas des animaux de foire. Nous n’avons pas non plus à prouver quoique ce soit concernant l’image qui est véhiculée par les « mainstream ». Toutes vos projections sont occidentalisées et vous fait croire à votre position de sachant indispensable, avec toute la condescendance, le paternalisme et l’insuffisance.
Nous, nous portons l’âme de nos ancêtres, l’Amour. Vous, le voyeurisme et cette position occidentalisée de prof. Cette domination vous suit parce que la construction occidentalisée a fait des occidentaux l’arrogance.
Ah oui au fait, « gracias » dans notre langue se dit : « mañumum » ou « mañum ». Vérifiez avant publication..