L’incroyable déjeuner avec les Mapuches du Chili

 

drapeau Mapuche

Drapeau du peuple Mapuche

Cela fait des années que j’ai envie d’en appendre davantage sur les Mapuches du Chili (Mapu = la terre, Che = les gens). Selon les voix officielles des médias, c’est continuellement les mêmes propos : cette communauté pose problème.

Comme dans toute querelle incessante, il me semble limité de ne se contenter qu’à un seul point de vue. Afin de mieux les connaitre, nous sommes donc partis déjeuner avec les Mapuches du Chili !

-> Coutumes de vie, musique, croyances, découvrez les traditions de ce peuple amérindien.

 

 

Une incessante discorde

 

On pourrait même l’appeler conflit, entre gouvernement et la communauté autochtone et il remonte à bien des décennies en arrière. Déjà avant l’indépendance du Chili de 1818 vis à vis des espagnols, les Mapuches luttaient pour la préservation de leurs territoires. Les colons espagnols, n’arrivant pas à les chasser de leur terres natales, ont construit des forts afin de conserver une présence en ce territoire occupé. En vain, les Mapuches du Chili n’ont jamais cédé face à la pression de l’envahisseur si bien qu’un accord fut signé afin que les conquistadors respectent le territoire Mapuche.

 

Fin du 19 ème siècle, le gouvernement chilien relance une offensive envers ce peuple. Les Mapuches défendent alors à nouveau leur territoire, ne souhaitant pas voir leurs terres partir entre les mains des chiliens issus de la colonisation. Ces terres leur permettent de vivre, de faire grandir le bétail en liberté et les dédier aux cultures. Aujourd’hui le combat continue encore, mais le territoire s’amoindrit avec les années. Il est de plus en plus détenu aux grandes entreprises nationales et internationales qui l’exploitent dans un but de rentabilité économique sans ce soucier de l’impact de vie que cela cause à ce peuple originel et sur l’environnement.

Aujourd’hui encore, le sujet divise les chiliens et anime les échanges, comme si vous parliez de politique !

 

 

Elicura, un berceau Mapuche dans le Biobío

 

Récemment nous avons fait connaissance d’Alejandra, créatrice de produits artisanaux, à la féria artisanale de Santiago. Cela tombe à pic car Alejandra vit dans la région de BíoBío, à Elicura plus exactement, entre le village de Contulmo et le lac Lanalhue. Justement nous avions prévu de nous rendre la semaine qui suivait. Elicura est un hameau qui rassemble quelques 5 communautés où vivent 800 Mapuches. Alejandra et sa famille accueillent pour déjeuner, des chiliens, des étrangers, des curieux, tous ceux qui souhaitent partager avec la communauté. Me voilà ravi, c’est le début de l’immersion dans le monde Mapuche !

 

La Ruka, maison originelle des Mapuches

Arrivés à Elicura, nous cherchons la Ruka d’Alejandra. Une « Ruka » c’est une construction ovale dans laquelle les Mapuches (de jadis surtout) cuisinent, dorment, mangent, vivent. Edifiée à partir de terre, de paille, et de bois, il est typique d’y entretenir un feu en son centre. Malgré l’ouverture dans le toit, la fumée y est très présente. La Ruka est toujours construite de forme ovale, pour une meilleure circulation des énergies, les angles étant des obstacles à ces dernières.

 

Ruka Mapuche

Une « ruka », la maison originelle des Mapuches

 

Ruka toit

Lumière entrant du toit illuminant la fumée du feu central

 

Aussitôt arrivé, je me rends compte que je ne connais pas grand chose en Mapudungun, la langue des Mapuches. Je cherche urgemment quelques mots de base sur la route mais je vous assure, ce n’est pas facile à retenir. Je ne mémorise que finalement « Chaltumai » qui signifie merci beaucoup, prononcez [tchal-tou-maille]. Placé au bon moment, cela n’a qu’agréablement surpris notre hôte !!

 

Un déjeuner copieux et 100% nature

Nous arrivons donc pour déjeuner. Le repas est servi à l’intérieur de la Ruka. Nous nous sommes régalés. Des jus de maqui, de framboises, et un mélange d’herbes. Pour le plat un morceaux de boeuf et des pommes de terre, accompagnés de sopaipilla, de crudités telles des fèves, de petits pois, de salade et de la fameuse épice : le merkén. Et comme dessert, une salade de fruit frais ou de conserve « fait maison », ou « fait Ruka » en l’occurence ! Puis enfin le maté.

 

Merken mate

Fin de repas au maté, à côté du copain merkén

 

Ruka Elicura

Déjeuner dans la Ruka, près du feu

 

Alejandra et sa famille nous expliquent que tout est élaboré de manière la plus naturelle possible. La vache ne mange pas de grain mais broute en plein air. Les légumes viennent de leur potager et les jus sont réalisés sur place.

« Nous consommons de la viande pour avoir des forces, mais la majorité des plats sont basés sur des végétaux car c’est plus sain », nous disent-ils.

Pour soigner, la « Machi », femme chamane de la communauté tenant le pouvoir curatif et gérant les plantes médicinales. Il existe aussi un homme chef, appelé « Lonko », ayant d’autres fonctions.

C’est sûr qu’avec ce mode de vie, ils ne participent ni fonctionnement des supermarchés, ni des docteurs (sécurité sociale privée au Chili) et ni des pharmacies, ce qui déplaît tant au gouvernement en quête de développement économique.

 

 

Spiritualité et forces supérieures des Mapuches du Chili

 

Les Mapuches ont une spiritualité très développée, l’esprit est plus important que le corps. Ils croient au cosmos et basent leur vie sur les éléments de la terre. Le 24 juin a lieu la cérémonie annuelle, où la communauté se rassemble, chacun apporte ses vivres à partager ensemble. Alors ils appellent à la bonne santé, aux récoltes opulentes, etc…

 

A cette occasion sont joués les instruments de musique, la trutruka, une corne montée sur un long tube enroulé sur lui-même et le kultrun, un tambour de forme conique représentant le monde spirituel Mapuche. Ils croient en dieu mais pas uniquement. Les Mapuches considèrent également les forces de la terre supérieures au reste, tels le tonnerre, les éclairs, les volcans. La kazkawilla, instrument à clochettes, s’emploie aussi par la Machi lors des cérémonies.

 

mapuches du chili

Démonstration de trutruka

 

peuples amerindiens

Je retiens de ces quelques heures passées dans la ruka, un peuple ayant les pieds sur terre et connecté au ciel. Il est évidement que le respect de la nature leur est primordial. Ces fugaces échanges furent humainement intenses et pleins d’émotions. Il y a matière à se poser des questions quant à notre existence et au respect du vivant.

 

Si la culture des « gens de la terre » (Mapuches) vous intéresse, allez déjeuner et échanger avec eux. vous en apprendrez sûrement énormément. Ecrivez-moi pour prendre contact avec les Mapuches et réserver votre déjeuner. Un peu d’espagnol sera indispensable pour cette rencontre. Ce sera certainement une véritable immersion dans un Chili authentique comme il était principalement vécu il y a plusieurs siècles.

 

-> Pour en savoir plus sur le Merkén, cliquez ici